C’était la réunion mensuelle de la meute. Les membres se rassemblaient dans un grand bâtiment de la forêt, installaient des chaises et des tables autour d’un grand buffet. Clint m’avait trouvé une chaise et installée dessus, m’ayant interdit de faire quoi que ce soit.
J’avais assisté à plusieurs de ces événements depuis l’automne dernier. Tout le monde s’était montré ouvert et accueillant. Excité par l’arrivée du bébé. Ils avaient organisé une baby-shower commune pour Audrey et moi, tant nos deux dates d’accouchement étaient proches.
Clint avait joué son cowboy protecteur habituel, préférant me porter pour qu’il ne m’arrive rien.
Je souris en regardant l’amour de ma vie traverser la grande pièce. Il discutait avec quelques autres participants arrivés en avance. Je n’aurais jamais pensé que notre union, si différente d’un mariage humain, puisse être aussi incroyable.
Il m’avait accompagnée pour les formalités de la succession de Todd. Comme celui-ci n’avait jamais rédigé de testament, et que nous étions toujours légalement mariés, sa maison et ses biens me revenaient. Tout avait été vendu, mais je ne toucherais pas à un centime de cet argent. Après avoir soldé toutes les dettes, j’avais versé le reliquat à une association d’aide aux victimes de violences conjugales.
Ma vie était accomplie. Le bébé était né. Elle avait plein de cheveux bruns comme Clint. Je n’y connaissais rien en bébé loups, mais j’espérais qu’elle finisse par se transformer en grandissant. Il y avait une possibilité que cela n’arrive pas, mais Clint m’avait rassurée avant que je ne panique. Il avait dit que cela lui était égal. Il lui en parlerait, avec les autres membres de la meute, quand elle serait petite. Elle grandirait avec et ne se sentirait pas seule. Elle était aimée.
Mais je penserais plus tard à la potentielle transformation de mon enfant. Pour l’instant, j’en étais aux couches et à l’allaitement.
Comme si Clint m’avait entendue penser, il revint face à moi. La petite Lily était étalée sur son avant-bras comme un ballon de rugby, sa petite robe rose contrastant avec le physique athlétique de son papa. Quand un métamorphe un peu trop zélé s’en approchait, il se mettait à grogner.
Je ne pus retenir un petit rire. Clint m’entendit et croisa mon regard, plissant les yeux cette fois-ci.
Ouais, il avait dit qu’il était foutu dès la première échographie, et c’était le cas. La petite Lily le menait à la baguette. Je le trouvais déjà possessif avec moi, mais là, cela devenait extrême. Si je ne la nourrissais pas, il la gardait dans ses bras. Il refusait de la poser, ou de laisser qui que ce soit, la toucher, encore moins la prendre.
Il faisait exception pour ses parents, même si elle s’agitait de ne pas être dans ses bras.
« Dis, ma chérie, que signifie cette grimace ? »
Je regardai tour à tour ma fille et son père.
« Tu es un bon père. »
Son sourcil sombre s’arrondit.
« C’est vraiment à ça que tu penses ? »
Je me penchai en lui faisant signe de s’approcher.
« À ça et au fait que le docteur m’a donné le feu vert pour reprendre nos activités sous la couette. »
Ses yeux devinrent gris et son grognement résonna en moi. Je n’en avais pas eu vraiment envie depuis l’accouchement et Clint avait été patient. Il adorait me regarder nourrir Lily et partait s’astiquer à la vision de mes énormes seins—et oh mon dieu qu’ils étaient gros ! À part ça, il s’était montré adorable et patient jusqu’à ce que je sois prête. Et c’était le cas.
« Tu t’excites toute seule, ma chérie ? »
Je haussai les épaules.
« Peut-être. »
Il grogna encore.
J’aperçus Audrey et Boyd arriver. Clint se retourna.
« Et merde, » marmonna-t-il.
C’était Boyd qui était si amusant. Le champion de rodéo était équipé d’un porte-bébé qui abritait Lizzie, prénom inspiré de la mère de Boyd, Elizabeth. Seuls ses petits bras et jambes en sortaient et la petite était nichée contre son torse. Elle ressemblait beaucoup à Audrey. C’est fou ce que six semaines à peine pouvaient changer dans le développement d’un enfant.
« J’en veux un ! » dit Clint et je me mordis la lèvre en le voyant rejoindre Boyd. Il s’arrêta en chemin et se retourna. « Plus tard, ma chérie. Nous ferons un autre bébé plus tard. »
Je déglutis en pensant à cette possibilité. Je n’étais pas prête à commencer une nouvelle grossesse, mais j’avais hâte de m’entraîner. Je le lui dirais. Plus tard.
Pour le moment, j’adorais le regarder—ainsi que Boyd—aimer leurs petites filles d’une manière qu’ils n’auraient certainement jamais imaginée.
La vie n’aurait pas pu être plus douce.
