Maykl
Quelqu’un frappe aux portes du Kremlin. Techniquement, ce n’est pas mon problème. Elles sont verrouillées ; les heures de bureau sont terminées. Il est bientôt 21 h, bon sang.
Mais j’ai les images de vidéosurveillance chez moi, car je prends la sécurité du Kremlin très au sérieux, et cette femme ne semble pas décidée à s’en aller.
Elle est courbée à cause du vent. Son long manteau en laine est ample, mais il ne cache pas sa maigreur.
Elle lève une main gantée et gratte la porte vitrée.
— Pozhaluysta.
Je ne peux pas entendre sa voix, mais je lis sur ses lèvres. Blyad’. Elle est Russe.
Je bondis aussitôt de ma chaise et saisis le pistolet rangé à la ceinture de mon jean. J’enfile une paire de bottes et me prends l’ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée.
J’en ai vu, des trucs dingues, ici. J’étais là quand le musicien a tenté de défoncer les portes le mois dernier. Je savais qu’il voulait voir Nadia, mais je savais aussi qu’Adrian n’approuverait pas, alors je n’avais pas pris la peine de lui ouvrir.
Nikolaï avait fini par le laisser entrer.
Pour ce mudak aussi, j’ai déjà dû affronter quelqu’un d’insistant. Chelle, qui est désormais sa petite amie, m’a presque grimpé dessus quand j’ai essayé de la jeter dehors. Je crois que son frère avait des problèmes d’addiction au jeu et que Nikolaï l’a aidée.
J’ouvre la porte et dévisage la beauté aux yeux clairs qui lève le regard vers moi. Ses iris sont bleu glacier, ses cils et ses sourcils blond clair.
Elle passe en revue mes tatouages et mes épaules larges, puis déglutit.
— Je suis Russe, dit-elle dans notre langue maternelle en baissant la tête avec soumission. On m’a dit que je serais la bienvenue ici.
Putain.
Avec un grognement, je la laisse passer pour qu’elle s’abrite.
— Qui t’a dit ça ?
Elle me donne un nom que je ne reconnais pas.
— De quoi as-tu besoin ?
Elle ôte son bonnet, révélant une masse de cheveux blond clair qui lui tombent en dégradé sur les épaules. Elle est jeune, mais à mon avis, son attitude docile n’est qu’un rôle. Dans ses yeux, je lis une détermination qui me met sur mes gardes.
— Je m’appelle Kira. Je viens d’arriver de Russie, et j’ai besoin d’un hébergement.
