Colton
Je regardai ma compagne tout en sillonnant l’autoroute menant hors de Nashville. « Je t’en prie, dis-moi qu’il nous reste du banana-bread. » C’était le deuxième jour de notre road trip en Caroline du Nord. Cela faisait deux semaines que Marina était à moi et j’étais déjà devenu accro à ses pâtisseries, autant qu’à elle.
Elle farfouilla dans son sac derrière mon siège et en sortit deux tranches. « Vous avez de la chance, sergent-chef. » Elle m’en fourra une part dans la bouche. J’en croquai un morceau assez grand pour grignoter son doigt au passage.
« Humm… ronronnai-je. Un pur bonheur. » Heureusement pour moi, j’avais le métabolisme d’un métamorphe, sans quoi j’aurais déjà pris du poids.
J’avais ramené Marina à la base pour mettre un terme à ma carrière, attendant les papiers officiels et pour faire mes cartons. Elle avait passé tout le temps dans ma cuisine, à faire des gâteaux, vêtue la plupart du temps de sa seule culotte et d’un tablier. Cela avait à la fois fait hurler et angoisser mon loup à l’idée que les rideaux ne soient pas assez tirés.
Mais sinon, j’adorais la présenter. A toux ceux pour qui je donnerais ma vie. Appréciant leur joie sincère pour moi. Pour nous deux.
Elle avait déjà indiqué à sa fac qu’elle n’y retournerait pas en personne à l’automne et s’était inscrite au programme d’enseignement à distance pour terminer sa licence. J’étais fier qu’elle ait pris cette décision même si elle n’en aurait pas l’utilité. Cela dit, ses connaissances s’étaient avérées utiles dans la modélisation du nouveau toit de la grange. Elle n’avait pas clairement énoncé ses rêves, mais j’étais presque sûr qu’elle ouvrirait bientôt une boulangerie dans Cooper Valley.
Je changeai de file, en vue de prendre la prochaine sortie. Sur un coup de tête, j’avais repéré les bijouteries des alentours. Marina était à moi, et les cicatrices de ma morsure en témoignaient, mais elle était humaine. Et les humains faisaient les choses différemment.
Je ne voulais pas que Marina passe à côté d’une tradition importante pour elle parce qu’elle était devenue ma compagne. Audrey avait eu son mariage, je voulais la même chose pour Marina.
« Allez viens, jeune fille. Je veux t’offrir une bague. »
Elle écarquilla les yeux en fixant le bâtiment. « Une bague ? »
« Ouais. Je dois bien te marquer dans la plus pure tradition humaine. » Je lui fis un clin d’œil.
La fossette de son sourire était si belle que mon cœur s’en serra. Elle ouvrit brusquement la porte de mon camion et sortit comme une furie. « Ça veut dire qu’on va se marier ? »
Je descendis aussi et fermai la porte. Pendant un temps, je vacillai. Ma compagne était encore jeune et je l’avais marquée si soudainement. Elle n’avait pas eu le temps de se faire à l’idée de s’unir à un loup.
Je la contournai pour la plaquer contre la portière, l’entourant de mes bras.
« Donc tu veux bien m’épouser ? »
Ses joues prirent une jolie teinte rosée qui me firent bander instantanément. « Parce que ce n’est pas encore le cas ? Je croyais que tu m’avais déjà marquée à vie ? »
Je mordillai son cou, passant mes lèvres sur sa peau douce. « Tu es à moi. Rien n’y changera. Mais si tu veux prendre un engagement à long terme, cela me convient. Je voudrais te mettre la bague au doigt. Pour empêcher les autres humains de te tourner autour. »
Elle roula des yeux. « Je te trouve bien possessif. »
« Sans rire. » Je mordillai son cou. « Je voudrais aussi que tu ne passes pas à côté. »
« A côté de quoi ? »
« Des bonheurs d’un engagement humain. Si tu rêves d’un mariage en blanc comme Audrey, ça me convient. Comme tout ce qui te rendra heureuse, Marina. »
Des larmes lui montèrent aux yeux. « C’est toi qui me rend heureuse. »
Je l’embrassai doucement, vrillant sa langue avec la mienne, respirant son parfum délicieux. Cela me donna envie d’abandonner la bijouterie et de trouver le motel le plus proche, mais je chassai cette idée. « Allons-y. Nous allons te trouver une bague parfaite. »
Son visage s’illumina d’un sourire. « D’accord. »
Je serrai mentalement les poings. Mon instinct avait eu raison. Cela avait de l’importance à ses yeux. Je lui pris la main et la guidai à l’intérieur où un employé se fit une joie de nous conseiller.
« Tu trouves ton bonheur, ma douce ? » Elles se ressemblaient toutes mais, je n’avais jamais regardé de bague de fiançailles avant aujourd’hui.
« Pas de diamant, dit-elle. Autre chose. »
Je ne regardai pas le bagues, mais Marina, fascinée par ma magnifique femelle. Quand je vis briller ses yeux, je suivis la direction de son regard. « Celle-ci ? » demandai-je.
Elle avait jeté son dévolu sur une ligne d’émeraudes sur une monture en or. « Elle te plait ? »
« J’aime tout ce qui illumine ton visage, Marina. Ne te préoccupe ni du prix, ni de ce que tu penses me plaira. »
Elle regarda encore la bague et je fis signe à l’employé zélé.
« Voulez-voir une bague ? »
« Oui, s’il vous plait. Celle-ci. » Je désignai les émeraudes.
« Un excellent choix. » L’employé sortit la bague du présentoir et la tendit à Marina qui la passa à son doigt.
Elle écarquilla les yeux. « Elle est parfaite. »
Je souris. « Un signe du destin. »
Marina se tourna vers moi et posa ses mains sur ma poitrine. L’anneau brillait à la lumière et nos yeux se posèrent dessus. Je n’étais pas humain, mais j’adorais le voir à son doigt. La fierté de savoir que c’était ma bague qu’elle porterait. Pour que tous les autres humains puissent la voir.
« Je l’adore, » murmura-t-elle.
« Et moi c’est toi que j’adore. »
Elle se mit sur la pointe des pieds et m’embrassa pendant que l’employé s’éclaircit la voix.
J’attendis d’avoir correctement embrassé mon âme sœur avant de sortir ma carte de crédit que je déposai sur le comptoir. « On la prend. Ne vous embarrassez pas avec un emballage cadeau. »
